vendredi 15 mars 2013

... Douglas Kennedy, la Mémoire et l'Histoire !


Je viens de terminer « Cet instant-là » de Douglas Kennedy.  Un roman dont une grande partie se passe à Berlin à l’époque du tristement célèbre Mur!  Outre la trame et les personnages de l’histoire bien menée, l’ambiance du roman ne me lâchera pas de sitôt.  Le fameux Mur justement…13 août 1961 au 9 novembre 1989… pendant plus de 28 ans, les Allemands de l’est ont supporté les brimades, les exactions et bien pire encore d’une bande de cerbères déjantés hantés par le fantôme de Staline.  Tout au long de l’histoire, je ne pouvais m’empêcher de me reporter à mon histoire personnelle à la même époque.  Même sachant qu’il s’agit d’un roman, américain de surcroît, je sais trop bien que l’auteur n’exagère pas le climat étouffant, les délations, les punitions et la torture sous la férule de la tristement célèbre Stasi…  Étrangement, ce que l’on appelait « la guerre froide » dans ma jeunesse m’était demeuré un concept, même après avoir lu quelques articles dénonciateurs suite à la chute du mur de Berlin.  En 1970, nous, ici, vivions le « flower power » et la liberté alors que derrière les murs érigés par l’Union Soviétique et ses sympathisants, des populations entières, mal nourries, mal vêtues, habitées par la peur, courbaient le dos et se résignaient à une vie dépourvue de sens malgré les grandiloquentes déclarations de leurs dirigeants.

Outre les bons moments passés à la lecture de ce roman, je suis reconnaissante à Douglas Kennedy d’avoir réveillé ma mémoire, ma sensibilité à l’histoire allemande de l’après-guerre!

Qu’elle est importante la mémoire!  Trop souvent sous prétexte d’objectivité et de recul, les historiens se refusent à parler du quotidien des petites gens qui ont fait et vécu les grands évènements de leur époque.  Les historiens se retranchent dans leur tour d’ivoire jusqu’à ne plus voir ceux qui meurent, qui souffrent, qui sont déchirés, ceux qui pillent, torturent, épient et trahissent.  On réécrit l’Histoire, comme on l’a fait ici au Québec où la Conquête est devenue un simple changement de régime.  Encore heureux qu’on ne soit pas allé jusqu’à détruire les archives.  Je ne vois pas pourquoi, sous prétexte de ménager la chèvre et le chou, les autorités se sont senti justifiées d’arrondir les aspérités de ce qui a été notre Histoire.  Nous sommes passés d’une Histoire peuplée de bons et de méchants, de héros ou de traîtres à une Histoire totalement désincarnée faite de concepts et de quelques dates!  Il me semble qu’entre les deux, il y a place pour autre chose.

Vivement que les vrais historiens passionnés se remettent à l’ouvrage et donnent toute sa place au peuple qui a construit le Québec et continue de le faire!